Les cinq premières minutes de classe,
celles qui donnent le ton à l'heure ou à la matinée qui va suivre.
S'il est fondamental de soigner ces cinq premières minutes, on ne
sait pas toujours à quoi s'attacher pour démarrer avec la bonne
énergie. Voici la synthèse d'un texte de Philippe Jubin, directeur
de SEGPA et membre du collectif européen des équipes de pédagogie
institutionnelle. J'ai rencontré ce texte dans l'ouvrage cité en
titre de l'article.
1.L'entrée
Il s'agit de distinguer le dedans du dehors. Les règles de la classe ne sont pas celles de la cour, du quartier, de la maison. Par conséquent, les élèves entrent dans le calme, en silence. Sinon, ils ressortent. La classe n'est pas un moulin.
2.L'habit
A l'intérieur, on enlève les vêtements de l'extérieur. On n'est pas en transit, on est ici pour travailler une heure. Si le professeur ne fait pas classe en manteau et écharpe avec son kit main libre à l'oreille, les élèves ne gardent ni casquette, ni blouson, ni portable.
3.La loi
Même si cela semble aller de soi, il est important de rappeler et d'institutionnaliser cette loi sous forme d'affiche: « Ici, c'est une classe et nous sommes là pour travailler. »
4.Bonjour
Faire de l'appel un moment solennel où, au moins une fois, l'enseignant regarde l'élève et lui signifie qu'il l'a vu. C'est une reconnaissance de l'autre dans sa personne, voire sa lignée. L'absent aussi est reconnu, compté. « Nous pensons que faire l'appel solennellement contribue, modestement, à ce que certains élèves ne se sentent pas obligés de manifester leur présence d'une façon incongrue trop rapidement. »
5.Place
Chacun a sa place réservée. La course pour les places convoitées devient inutile. La place fixe permet d'habiter le lieu, de se rassurer et de passer au travail.
6.Programme
Cet enseignant commence toujours par le point administratif où sont traités papiers, autorisations, cantine...Il répond aux questions des élèves relatives à ces sujets à ce moment-là et remet au lendemain toutes les questions perturbatrices qui surviennent en milieu de cours. Refuser ces questions au nom de la tenue du programme du cours, c'est remettre en question les fondamentaux d'assistanat et d'insouciance de l'élève. C'est lui permettre de prendre ses responsabilités.
7.Cahier de texte
Juste après le point administratif, un élève lit tout haut le contenu de son cahier de texte. On refait en classe ce qui devait être fait à la maison, on montre l'enjeu du travail, on se remémore le cours précédent, on repère les élèves qui ne peuvent pas se relire. Cet entraînement à la restitution (qui doit avoir lieu à la maison) boucle l'éducation à l'utilisation de ce cahier.
8.Affichage, emploi du temps
Il s'agit de permettre aux élèves de rentrer dans une classe qui les attend. A chaque changement de classe, grâce à un système d'affichage amovible, l'enseignant place les affiches et l'emploi du temps de la classe qui se présente.
9.Responsabilités
Les élèves ont l'occasion de prendre des responsabilités et d'en rendre compte. « Ces différents engagements laissent à penser que la classe est leur affaire et qu'ils sont bien partis pour construire du sens. »
10.Sortie de classe
Pas question de tolérer des sorties circonstancielles, pour aller remettre un papier au directeur par exemple. Apprendre à différer, c'est grandir. « Il s'agit de travailler le rapport à ses envies (…) en les médiatisant par la règle en vigueur dans le lieu où l'on est. »
J'aime cette idée de mettre en acte des principes: le respect, la responsabilité, la réassurance, l'effort dans le travail.
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